Chaiyya Chaiyya

Expert dans le langage du coeur, le cinéma indien l'est tout autant dans celui du corps.
Dil se n'est pas seulement la traduction de son titre. Dans le langage bollywoodien, "du fond du coeur" veut bien souvent dire aussi "du fond du corps".
Dans cette séquence intitulée Chaiyya Chaiyya, les personnages se livrent à une chorégraphie du corps sans équivoque. Dans un cadre éminemment sexué : un train, des tunnels. La musique, obsédante, répétitive, lancinante, dominée par les percussions, épouse le mouvement du train, évoque le coït et son entraînant train-train.
Au commencement, la sublime ghaziya s'éveille au milieu des hommes. S'étire lascivement. Profonde, sa voix, très haut, s'élève : son appel est sans ambiguïté. La donzelle réclame du plaisir. Quand elle se lève, tous les hommes sont à genoux autour d'elle. Subjugués devant sa divine beauté. Au Shah, émerveillé, de sauter littéralement à ses pieds. Dégageant le pouvoir hypnotique d'une sirène, elle se déhanche, d'abord langoureusement, de plus en plus rapidement, de plus en plus franchement, agite ses fesses, rentre le ventre, l'exulte, attire et repousse, accueille et expulse. Ainsi de suite, donnant le la du rapport amoureux. Avec la volonté de faire tourner les têtes. Ici, à prendre au pied de la lettre tant celle de Shah Rukh et des figurants sont en quasi-perpetuel mouvement circulaire.
Quant à la chorégraphie de l'acteur, tantôt fougueuse, tantôt idolâtre, elle est toute dédiée à répondre aux invites incessantes de sa partenaire.


2 commentaires:

yves a dit…

Bonjour Nexus,
Super, ce petit commentaire d'une des scènes les plus marquantes du cinéma indien contemporain! Tu as su dire les choses comme on les ressent, y'a pas de doute. J'avais revu Dil se il y a quelques semaines, et cette scène sur le train m'a saisi axactement comme tu le dis!
Aussi, j'ai parcouru ton blog avec plaisir!
yves

Rom a dit…

Merci,
C'est ma scène préférée du cinéma, rien de moins. Devant Soni Soni.
Je me la repasse en boucle, sans me lasser.