La passion de Marc Antoine






Le Cleopatre/Marc Antoine de Milius n'a rien du couple hollywoodien glamour et bienséant vendu jusque là. Son Cleopatre/Marc Antoine est friand de partouzes géantes. Tandis qu'Octave, futur Auguste, est occupé à essayer de "moraliser" les moeurs des Romains. De préparer ainsi le terrain pour les futurs chrétiens. De préparer au sexe réprimé et opprimé. Mono à toutes les sauces : monothéiste, monogame, monotone. Le triumvir de Rome et la dernière reine d'Egypte, eux, baisent dans chaque recoin de leur palais d'Alexandrie. Contre chacune de ses colonnes papyriformes. Débarrassés de l'apparat royal. Lui, en gypsy magnifique, des bijoux plein la poitrine, fardé et voilé à l'oriental. Elle, en sauvage amazone. Jouant au tir à l'arc aux dépens de ses conseillers. Ambiance orgiaque très fellinien. Fin dynastique. Avant ce fameux double suicide, désaccordé. A l'épée romaine et à l'aspic égyptien.

Le corps de Marc Antoine





Pregnant chez Milius, le corps signe l'appartenance de son locataire à une tribu, un peuple, une vengeance, une mission, mieux, à une âme soeur. Toujours dédicacé. Celui de Marc Antoine, très shakespearien, était tout dédié à Cleopatre. Marqué d'un serpent, côté coeur. Jusqu'à la main qui la caressait. Le corps de Marc Antoine, décadent et grimé, était le temple de Cleopatre. La dernière reine d'Egypte en avait fait son temple érotique, son temple païen. Le corps autrefois romain n'était pas aussi sensuel. Vorenus aura beau redonner à Marc Antoine son corps d'origine en le revêtant de son armure romaine, en le statufiant, en le théatralisant, les larmes et les baisers de Cleopatre viendront lui rendre son corps de coeur. Son corps aimant. Son corps amant. Et presque lui donner une seconde vie. Avant que la petite reine d'Egypte n'offre à l'aspic son corps à elle.

Dellamorte dellamore Anna Terzi



S'offrir est mourir un peu...
De s'abandonner dans les bras de Carlo Giordani, Anna Terzi se soustrait davantage du monde.
Ses lèvres ont beau faire mine de dire oui, ses yeux sont muets. Eteints, insondables. Des trous noirs auxquels il serait néanmoins fabuleux de s'y perdre. Des yeux qui ne réfléchissent plus la lumière, ni son partenaire. Sa bouche, qui n'expire plus, mime aussi la mort. Fusse-t-elle glamour et mélancolique.
Finita la dolce vita d'Il sorpasso.
Argento filme la mort même quand ses personnages font l'amour ou s'apprêtent à le faire. Argento tue son actrice sans tuer physiquement son personnage. Ni sa beauté. L'effrontée s'en est allée...

Catherine Spaak dans Le chat à neuf queues.

Le giallo s'affiche



... dans son format d'origine...