La complainte du sentier












Des mains qui frictionnent un corps et réchauffent un coeur transis, des mains nourricières et charnelles, une main gauche chapardeuse, une main droite qui repose en paix.
Satyajit Ray accorde aux mains des personnages une première importance. Jusqu’à leur faire incarner une âme en partance.

Paresseuse, pourquoi t’entêtes-tu à attendre la pluie ?

La journée s’achève. L’eau du saint étang s’assombrit. Elle ne rit et ne chuchote plus. Le ciel a trop bu et gronde son ennui. Les araignées d’eau s’affolent à l’annonce de la grosse averse et les nuages noirs menacent également la quiétude de ton foyer.
Qu’attends-tu, jeune fille, pour rentrer à la maison ?

Paresseuse, pourquoi restes-tu là à danser sous la pluie ?

2 commentaires:

yves a dit…

"Paresseuse"... Durga en effet a la paresse de son âge, un âge où on sent un retard dans l'intervalle entre la décision et l'action, cet âge où le corps n'est plus tout à fait immanent à soi, mais où un plaisir fugitif l'écarte et le remplit, pour rien, pour le monde, pour les crêtes des graminées, à l'infini. La paresse est alors celle de la vie elle-même, qui a tout son temps, et qui joue ses tours, jusqu'à se retremper dans la mort... De toute façon elle est la vie, elle recommence, comme on joue, sans fin.
Paresse, celle de l'Inde entière, avec ses permanences malgré l'accélération contemporaine, ses vaches lentes, ses maladies, ses couleurs lascives, ses masses humaines inamovibles.

Rom a dit…

C'est aussi l'idée que je me fais de l'Inde. J'aime beaucoup ce personnage qui dit beaucoup sur cette Inde là. Et ton commentaire dit également beaucoup sur ce pays et ces habitants qui ne vivent pas sur la même longueur d'onde que les autres. Pour combien de temps ?