Bandolero



James Stewart, en 1968, n’est plus tout jeune. Quand il pleure Dean Martin à la fin de Bandolero, son visage a beau être bouffi par le poids des années passées à manger la poussière pour le compte d’Anthony Mann ou de John Ford, ses larmes sont faites du sel le plus précieux, le plus authentique, le plus pudique. A quoi il pense James quand il joue cette scène ? Qu’il pleure dans un western pour la dernière fois ? A quoi il pense quand il s’écroule une fois les larmes versées ? Qu’il ne fera peut-être plus jamais semblant de s’écrouler dans la poussière et qu’il ne mourra sans doute plus jamais près d’une cantina ? Qu’il n’avait pas l’habitude de mourir dans ses westerns de jeunesse et que c’est parfois beau de mourir dans un western ? Surtout à son âge.
Qu’il est touchant ce final en forme d’épitaphe. C’est beau deux frères qui finissent côte à côte, six pieds sous la terre d’un village mexicain abandonné à la poussière du temps muet. C'est beau deux tombes voisines qui regardent dans la même direction : le lointain Montana, plus vraiment loin à vols d’âmes.