Le dernier souffle



Le titre du roman de José Giovanni, Le deuxième souffle, trompe sur le propos du film éponyme de Melville chez qui, deuxième s’est toujours entendu dernier. Le dessein du cinéaste, en réalité, a toujours été de filmer le dernier souffle des derniers samouraïs. Un cinéaste, des samouraïs en hiver, à la recherche de l'accord suprême et du silence parfait. D’un film de Melville, on peut dire qu’il s’agit de filmer l’accord souverain de l’océan, l’accord triste d’un oiseau en cage, la rengaine lancinante des trains de nuit ou de banlieue, des cavales feutrées en forêt, des silences claustraux dérangés par le bruit du vent et de la pluie, zébrés de gunfights à la précision chirurgicale ; autrement dit, à travers ces bruits et ces silences, l’homme au stetson filmait des choix de vie et des choix de mort. Avant d’accorder à ses ronins le silence parfait auquel, plus ou moins en secret, ils aspiraient. Après leur avoir inventé des vies d’hommes libres et intègres, après avoir inventé la sienne, des vies non sujettes à dérision.

L'adversaire








Dire de L’adversaire qu’il raconte l’obsession première de son auteur : voir, entendre, sentir et goûter à nouveau son enfance perdue, pour retrouver sa pureté et son innocence, pour garder son âme farouche et rebelle. Le cinéma de Satyajit Ray est voué à retrouver l’odeur envoûtante du frangipanier au pied duquel il devait se réfugier pour révasser et se prélasser, à pouvoir retrouver la lumière authentique et tendre d’un paradis immaculé duquel il s’est exilé, à en retrouver ses bruits et ses charmes.

Rancho Bravo



Non content d’aimer filmer John Wayne, Andrew V. McLaglen aimait aussi filmer James Stewart, de sorte qu’il lui a offert, dans Rancho Bravo, avant Bandolero, l’un de ses rôles les plus touchants, à savoir celui d’un cowboy vieillissant et entêté à la recherche d’un taureau anglais perdu dans les landes texanes enneigées vouées à l’élevage de bêtes à cornes. Tout çà pour mettre le grand échalas dans les bras de Maureen O’Hara. McLaglen aimait aussi filmer des familles formidables ethniquement recomposées. A l’image d’un petit veau rouquin et moelleux, fruit de l’union entre une vache à cornes texane à poils durs et d’un taureau britannique à poils soyeux.