Le journal des morts



Plus Romero prend les rides de ses zombies, moins il s’attache aux vivants, moins il accorde crédit à ses personnages et acteurs parlants, plus il fait la place belle aux morts-vivants. Des morts revenus une nouvelle fois pour asséner à ses contemporains leurs quatre vérités. La bêtise du genre humain, vécue et transmise via le rôle prédominant des médias (où il est dit qu’il vaut mieux filmer que prêter assistance à son prochain, que l’évenement n’a pas existé s’il n’a pas été filmé), conduira ses derniers représentants à se calfeutrer dans un réduit (un coffre-fort, autrement dit une caverne améliorée) encombré de vidéo-surveillances et du dernier cri technologique comme uniques moyens d’accéder à autrui et au monde, où l’on préferera jouer à Nintendo plutôt que de rendre hommage à l’immense bibliothèque d’à côté. Où il ne viendra plus à l’idée de personne, sauf d’une blonde, de prendre la poudre d’escampette. 

Monsieur le loup



La vérité de Gosha est de raconter et de chorégraphier des corps à corps, en réalité d'intenses saillies, urgentes et fulgurantes. Autrement dit, de filmer une obsession charnelle qui, toujours, conduit à une éjaculation et à une fin sanglante. De filmer des corps chargés d’érotisme donner la mort et la recevoir, de filmer des femmes superbes et fatales fondre sur une proie, sein nu et tanto entre les dents. De voir des peaux blanches se mêler à des peaux tatouées. De voir deux corps s’attirer l’un l’autre comme des aimants tragiques, s’exciter, se pénétrer, pour dans la mort rester collés l’un à l’autre. D'accorder, dans Chasseurs de ténèbres, à ses amants maudits l’union refusée de leur vivant, ne leur destinant ni les enfers ni le néant mais leur offrant une barque fleurie qui les conduira à leur paradis.