Histoires de coeurs



















Qui, comme Michael Mann, raconte des histoires de solitudes, raconte forcément un désir de sentir gonflé un coeur désert(é) et inassouvi. Qui raconte des désirs de coeurs gonflés raconte aussi des histoires de tueurs et de chasseurs. Le sixième sens met en scène l'obsession d’un chasseur qui, pour capturer un tueur, se projette dans son esprit (tout en essayant de conserver son intégrité), celle du tueur ensuite, qui tue pour partager une intimité (ici celle d’une famille) et qui, en aspirant à l’invisibilité (en aveuglant ses proies, ou ne laissant pas voir ses traits), rêve d’un au-delà stellaire, celles enfin du spectateur qui se prête à l’expérience en pénétrant et le cerveau du serial killer et celui du profileur. Quand Dragon rouge invite l'aveugle à caresser un tigre endormi et à s'enivrer des battements de son coeur, Mann nous oblige à partager l’ivresse de Dollarhyde, avant de partager devant un lit d’étoiles sa première expérience charnelle pacifique.

2 commentaires:

dasola a dit…

Bonsoir, billet bien écrit pour un film qui le mérite. C'est à mon avis, la meilleure adaptation de l'oeuvre Thomas Harris (et pourtant le silence des agneaux était bien). J'aime beaucoup l'atmostphère du 6ème sens. Bonne soirée.

Rom a dit…

Merci. Je préfère moi aussi Le sixième sens au Silence des agneaux. Je n'ai jamais lu Thomas Harris ; je ne suis pas particulièrement fan d'histoires de tueurs en série, mais j'adore la touche que Michael Mann a donné à l'histoire. L'utilisation de la musique, l'atmosphère en général, est comme toujours hypnotique et enivrante chez ce cinéaste.
Bonsoir.