Blade Runner (version 1982)



J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire, de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion, j'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tanahauser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir.

Tout commence par un regard qui renvoie au spectateur ébahi un décor grandiose, personnage et message du film de Ridley Scott.
Dans Blade Runner, de gigantesques cheminées crachent du feu, des dirigeables porteurs de slogans publicitaires vantent l'aventure spatiale et coloniale en planant au-dessus des rues, d'immenses rétro-projecteurs animent les façades des immeubles, des pyramides ocres plantent le décor, des néons envahissent la ville plongée dans une nuit perpétuelle, des voitures étincelantes s'élèvent au-dessus des rues saturées pour cotoyer les gerbes de feu, pour slalomer entre les immeubles et atterrir sur leurs toits, des chants Heike bercent le sommeil de ses habitants, rythmant le jeu de cache cache entre Batty le loup et Deckard le chien.

2 commentaires:

yves a dit…

Bonjour Rom,
N'oublie pas la lancinante musique de Vangelis, qui ajoute au film cette tonalité de détresse si poignante.
Au fait, que penses-tu de l'assimilation de Batty à Jésus-Christ? Est-ce qu'elle fonctionne pour toi?

Rom a dit…

Bonjour Yves,
Effectivement la musique de Vangelis, qui participe à l'atmosphère à la fois dépressive et envoûtante du film, reconnaissable entre toutes.
Quant à Batty/Jesus-Christ, Batty n'est pas selon moi le prophète d'une nouvelle religion, d'une nouvelle morale, mais celui d'une évolution (durer davantage pour voir davantage), il ne sera et ne pourra être entendu par les humains, des morts-vivants en vérité, il a vocation en revanche à être entendu par les Nouveau Réplicants à venir (probablement comme un Messie, même s'il ne l'a pas voulu ainsi), et de nous autres spectateurs. Je n'ai pas de rapport aux religions, seulement à la métaphysique. Je n'éprouve donc pas l'envie de faire ce rapprochement. Batty entend à continuer à voir le plus longtemps possible, des choses que les humains ne peuvent pas voir, ou plus voir, à jouer les poètes le plus longtemps possible. Quand j'assiste à la mort de Batty, je ne la vis pas comme un martyr à vocation religieuse et/ou politique (même s'il entend certainement réclamer plus de vie, plus de liberté pour ses congénères), mais comme une renaissance à vocation poétique (en libérant la colombe, il entend se prolonger en un être libre et affranchi de la pesanteur humaine).