Le dernier souffle



Le titre du roman de José Giovanni, Le deuxième souffle, trompe sur le propos du film éponyme de Melville chez qui, deuxième s’est toujours entendu dernier. Le dessein du cinéaste, en réalité, a toujours été de filmer le dernier souffle des derniers samouraïs. Un cinéaste, des samouraïs en hiver, à la recherche de l'accord suprême et du silence parfait. D’un film de Melville, on peut dire qu’il s’agit de filmer l’accord souverain de l’océan, l’accord triste d’un oiseau en cage, la rengaine lancinante des trains de nuit ou de banlieue, des cavales feutrées en forêt, des silences claustraux dérangés par le bruit du vent et de la pluie, zébrés de gunfights à la précision chirurgicale ; autrement dit, à travers ces bruits et ces silences, l’homme au stetson filmait des choix de vie et des choix de mort. Avant d’accorder à ses ronins le silence parfait auquel, plus ou moins en secret, ils aspiraient. Après leur avoir inventé des vies d’hommes libres et intègres, après avoir inventé la sienne, des vies non sujettes à dérision.

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