Soy Cuba


Soy Cuba

Je suis Cuba. Une fois, Colomb débarqua ici. Il écrivit dans son journal : "C'est la terre la plus belle que des yeux d'humains aient contemplée". Merci, Senior Colomb ! Quand vous m'avez vue pour la première fois, je chantais et riais. Je saluai les voiles avec mes palmes. Je crus que vous m'apportiez le bonheur. Je suis Cuba... Mon sucre, les caravelles l'emportaient ... mes larmes, elles les laissaient. Quelle chose étrange que le sucre, Senior Colomb. Que de larmes en lui. Pourtant, il est doux.

Soy Cuba s'ouvre sur une séquence d'inspiration divine, belle à couper le souffle : la caméra survole et explore un paysage de rêve (la mer, des palmiers immaculés) encore vierge, pénètre ensuite, délicatement, dans les terres, parmi les humains. Ces plans liminaires, sublimes et souverains, racontent la Création du monde et la Naissance de la Vie. Une voix off, magnifique, entraîne le spectateur dans un maelström d'images et de plans stupéfiants, au coeur d'un poème hédoniste et panthéiste, décliné en quatre sonnets, emporté par une mise en scène qui a oublié la pesanteur.
Sous couvert d'un film de propagande commandité, Mikhail Kalatozov nous conte un Cuba plein de grâce et de vie, autant dans la misère qui frappe les petites gens, que dans la dolce vita fascinante des touristes ou celle, attachante, des Cubains. Avant de conclure l'une de ses histoires sur un cortège funèbre plein d'émotion dans un plan séquence vertigineux et inoubliable.

Pour tout cela, Soy Cuba est un film précieux et essentiel.

Aucun commentaire: